Alors que les vacances
scolaires de février tendent vers une fin, il est bon de se remémorer le séjour
que j’ai passé, il y a quelques jours de cela, dans la merveilleuse ville de
Séville.
Depuis le temps qu’on me
vantait ses charmes et à entendre le ravissement que suscite l’ensemble de
l’Andalousie, j’étais impatiente d’y être.
Choisir d’y aller en
saison basse (janvier et février), c’est échapper aux périodes de canicule, à
la semaine sainte et aux ferias, aux mouvements de foule et accessoirement aux
nombreux touristes, c’est découvrir une autre Séville, moins festive mais, à
mon sens, plus douce et authentique. Les matinées sont fraiches mais au fur et
à mesure de la journée, le soleil chauffe suffisamment pour qu’on n’ait plus
besoin de son manteau.
On peut prendre le temps
de visiter les lieux incontournables (fort peu peuplés) tout en se perdant dans
des ruelles presque désertiques, et vadrouiller à son aise. On y croise alors
les Sévillans dans leur vie quotidienne, dans la rue, souvent accompagnés de
leur chien, dans les cafés, à boire au comptoir « un cafe con leche »,
à manger simplement du beurre sur un petit pain rond grillé. Le soir, ils se
retrouvent dans les bars à tapas, c’est comme s’ils étaient de passage, ils ne
sont pas pressés mais bon, ils pourraient partir d’un moment à l’autre. Ils
portent leurs gros vêtements d’hiver à croire qu’il gèle. C’est leur hiver à
eux. L’ambiance ressentie en découvrant une ville, c’est très personnel et ça
peut fluctuer selon les moments, les rencontres, l’état d’esprit dans lequel on
est. Pour ma part, je trouve que Séville se dévoile au fur et à mesure qu’on y
reste, il y a une part de mystère qui plane quand on arrive - à l’image de ses
grilles qui dissimulent de magnifiques patios verdoyants - et peu à peu, on
semble accéder à tout ce qui fait sa richesse et sa beauté.
Avant d’y aller, je
n’avais pas trouvé beaucoup d’informations, j’avais acheté le Guide du Routard,
comme à mon habitude. Alors je vous propose un petit florilège de lieux qui ne
m’ont pas déçu et d’autres sur lesquels je suis tombée par hasard et qui m’ont
beaucoup plu.
Cet article va donc illustrer
qui me semble être le mieux à faire durant un séjour de quatre jours, à cadence
quand même assez soutenue.
Les grands classiques du
tourisme lié au patrimoine historique :
- L’Alcazar de Séville (les
horaires changent régulièrement donc il faut se renseigner avant d’y aller.
Entrée : 9,50 €. Les lundis, il y a souvent des créneaux horaires où les
visites dans les lieux touristiques sont gratuites). Ça me semble être la
première chose à visiter en arrivant dans la ville. Cet édifice incarne des
moments clés de l’histoire sévillane. Les murailles et le palais sont des
vestiges musulmans qui gardent les stigmates des différents pouvoirs installés
depuis la conquête espagnole. Ce mélange de styles (ornementation
maure : arabesques, voûtes
en stalactites, arcs en fer à cheval, faïences, broderies de pierres et de
stucs, plafonds à caissons marquetés et gothique occidental) donnera
naissance au style « Mudéjar ». Au fil du temps, l’enjeu a été de
perpétuer toutes ces caractéristiques architecturales et de les faire cohabiter
harmonieusement. C’est beau mais on y perçoit aussi, un certain art de vivre.
Dans les jardins surtout. Ils témoignent de la période Renaissance à Séville.
On est transportés dans de magnifiques jardins à l’italienne et à la française,
témoignages du grand raffinement dans lequel vivaient les puissants. Et même en
février, la nature est luxuriante et les senteurs des plantes sont enivrantes.
- La Cathédrale et La
Giralda (entrée à 9 €, elle permet de visiter aussi l’église baroque del
Salvador).
Comme beaucoup d’autres
bâtiments catholiques de la région, la cathédrale est bâtie à l’emplacement
d’une mosquée. De cette mosquée, il ne reste que le minaret (La Giralda) qui
était autrefois l’un des plus hauts du monde.
La cathédrale est la
troisième du monde par sa taille et surtout, la plus large de toutes les
cathédrales gothiques. Et c’est vrai qu’en y entrant, on reste abasourdi par le
grandiose des volumes. A voir : un tableau de Zurbaran représentant une
religieuse en train d’écrire et le monument funéraire de Christophe Colomb dont
les restes furent rapatriés de La Havane à la fin du 19ème siècle.
Après avoir monté
l’équivalent de 35 marches (17 rampes), La Giralda nous offre une jolie
vue de Séville tout en surplombant la cathédrale.
- Le
Palacio de la Condesa de Lebrija (entrée à 5 €) et La
Casa de Pilatos (entrée gratuite pour les ressortissants de l’UE le
mercredi de 15 h à 19h).
Il est conseillé de faire
ou l’un ou l’autre. Les circonstances ont fait que j’ai pu visiter les deux et
je pense qu’on ne peut se priver d’aucun des deux. Chaque palais a ses
spécificités, ses attraits, ses atouts.
Détails
remarquables : les magnifiques mosaïques au sol du palais de la comtesse
qui l’ont conduite à ajuster la taille des pièces. On découvre aussi un
portrait et autres objets intimes de la comtesse qui se mêlent aux objets de sa
collection archéologique. Dans le palais de Pilate, on retrouve de somptueux
azulejos, marqueurs de richesse, mais surtout, on voyage à travers les jardins
à la rencontre de toutes les statues grecques et romaines. Que de beaux
contrastes, entre l’ocre et le saumon des murs et le vert des arbustes bien
taillés.
Autres lieux à
visiter : le quartier de Santa Cruz, le Metropol Parasol (son architecture
conçue par un Berlinois est unique), le Musée des Beaux Arts (gratuit pour les
ressortissants de l’UE), la Place d’Espagne et le Parc de Maria Luisa (tout
aussi intéressant que les jardins de l’Alcazar), et bien sûr, les jolis patios
nichés derrière les portes entrouvertes alors qu’on se balade dans les rues,
n’hésitez pas à vous perdre.
Pour se remplir la panse,
mieux vaut savoir où on va, car les déceptions peuvent être grandes.
Pour déguster une bonne
paella – sachant qu’à l’origine, la cuisson de la paella traditionnelle
est censée durer deux heures, le temps nécessaire pour que les ingrédients
mijotent ensemble et que tous les aromates s’imprègnent – il y a un bon
compromis (30/40 minutes car le riz est précuit), le restaurant « Gusto »
situé Calle Alemanes, au 23. On y trouve aussi une version végétarienne de la
paella ainsi que d’autres plats végétariens, des serveurs aimables et une
décoration moderne ayant sa personnalité.
Pour manger de bon tapas
qui ne sont pas de simples amuse-bouche mais de vraies portions en modèle
réduit de plats cuisinés raffinés, on va à « La Cava del Europa » (c/
Puerta de la Carne, 6) ou au « Bar Europa » (c/ Sieste Revuelta, 35,
sur la grande terrasse ensoleillée, Plaza Jesus de la Pasion). Sacrés meilleurs
tapas de la ville en terme d’innovation depuis quatre ans et l’on comprend
pourquoi. La carte n’est pas immense mais tout ce que j’ai pu goûter était bon.
Voici des exemples d’associations réussies : soupe froide aux amandes, à l’ail
et à la gelée d’huile d’olive ; crème de petits pois à la menthe et dés de
foie ; surlonge ibérique à la sauce orange romarin miel et pommes de terre
grillées ; morue sur faux risotto de céleris ; tataki de bœuf à la
crème de marrons sésame et romarin ; et les immanquables croquettes de
jambon ibérique, un régal !
Enfin, pour un
petit-déjeuner sucré ou une pause goûter, il y a deux lieux à chérir : « le
Bar El Comercio » (au 9 Calle Lineros) fréquenté essentiellement par les
Sévillans servant d’excellents churros accompagnés d’un bon chocolat chaud en
quantité assez restreinte. Il ne faut pas s’attendre à retrouver le goût du
chocolat chaud à l’ancienne, on sent que c’est du chocolat de qualité en partie
industrielle et la texture est moins crémeuse. C’est en tout cas ce genre de
chocolat chaud qui est proposé dans l’ensemble des bars sévillans. Deuxième
adresse à fréquenter assidument, « la Confiteria La Campana », la
pâtisserie historique de la ville proposant un vaste choix de gourmandises. Le
décor vaut aussi le détour. Tout ce que j’ai pu y goûter était frais et bon, il
faut aimer les pâtisseries riches en crème mais pas forcément écœurantes, ni
lourdes à digérer. « La bamba de nata » est un classique à déguster
obligatoirement au comptoir !
Pour déguster de bonnes
glaces artisanales généreusement servies, on se rend chez « Bolas » (c/
Santa Maria la Blanca, 21) . Elles sont
élaborées sur place avec d’excellents produits et des fruits de saison. Les
parfums proposés varient donc et selon les époques où vous irez à Séville, le
choix sera différent. En période plus touristique, on retrouve les
classiques : « Sevilla Mora » (noix, orange confite, cheveux
d’ange, raisins secs) et « Queso y higos » (fromage frais et figues).
Dans tous les cas, vous ne risquez pas d’être déçus.
Enfin, pour rapporter de
petits cadeaux : « Arte-Sano » au 35 de la Calle Aguilas sur la
place où est la Casa de Pilatos, on y trouve des objets typiques avec du cachet
et des bijoux fantaisie de marques espagnoles. Choix de marques intéressant aussi
chez « Nanda Sevilla » (c/ Zaragoza, 44) où j’ai pu trouver des
créoles originales.
Enfin, gros coup de cœur
pour la petite boutique « Edonne Sevilla » (c/ Buiza y Mensaque, 5)
dénichée au hasard de mes pérégrinations. La créatrice vous accueille avec le sourire
et prend le temps de vous guider parmi toutes les petites merveilles qui
peuplent la boutique. Bijoux pleins de délicatesse inspirés du monde végétal,
pierres naturelles, de la poésie qui prendra bien peu de place dans vos
valises.
Prix raisonnables dans
ces trois boutiques.
En attendant de refaire
un joli voyage, j’espère que les informations que j’ai pu vous donner dans cet
article vous seront utiles !
A bientôt !